Saints MARTYRS DE SEBASTE
Dernière mise à jour : 21 mai 2020
Les Quarante martyrs de Sébaste étaient des soldats de la Douzième Légion Fulminata en garnison à Mélitène en Arménie romaine (Turquie actuelle). Vers 320, ils refusèrent, malgré la torture, de renier leur foi chrétienne. Ce sont des saints chrétiens fêtés le 9 mars. Après la bataille qui, au pont Milvius, livra en 313 à Constantin l’empire d’Occident, son beau-frère Licinius, qui commandait en Orient, signa avec lui l’édit de Milan pour la paix de l’Église. Mais, païen obstiné, il ne l’avait fait que contraint et forcé. Aussi bientôt son impiété, stimulée encore par la jalousie qu’il portait à Constantin, recommença de s’exercer, sournoisement d’ordinaire, mais parfois ouvertement, contre les chrétiens. C’est particulièrement contre les soldats que Licinius donna carrière à sa cruauté. Préparant la guerre contre l’empereur d’Occident, il voulait s’assurer par l’apostasie leur fidélité à laquelle, chrétiens, ils eussent été tentés de manquer, croyait-il. On compte donc un certain nombre de martyrs dans l’armée à cette époque. Les plus célèbres sont assurément ceux qui souffrirent à Sébaste capitale de la province d’Arménie (aujourd’hui Sivas en Turquie) et qu’ont loués saint Grégoire de Nysse, saint Basile, saint Ëphrem, saint Jean Chrysostome. Arrêtés en mars 320, ils furent obligés de passer la nuit, nus, sur un étang gelé, en plein hiver à Sébaste. On leur promettait des bains chauds s’ils reniaient. Mais ils se soutenaient les uns les autres pour qu’aucun ne se perde. Le seul qui se rendit mourut aussitôt dans le bain à cause du changement trop violent de température. Un des gardiens, converti devant tant de piété, alla le remplacer sur le lac, de manière à maintenir le nombre sacré de quarante. Ils étaient tous morts le lendemain matin. La mémoire de leurs quarante noms a été conservée sous plusieurs variantes qui diffèrent assez peu les unes des autres : Acace, Aétius, Alexandre, Angias, Athanase, Candide (ou Claude), Cyrille, Dométien, Domnus, Ecdikios, Élie, Eunoïque, Eutychius, Flavius, Gaïus, Gorgonius, et un second Gorgonius, Hélien, Héraclius, Hésychius, Jean, Khoudion, (Léonce), Lysimaque, Mélèce, Méliton, Nicolas, Philoktimon, Priscus, Quirion, Sacerdon, Sévérien, Sisinius, Smaragde, Théodule, Théophile, Valens, Valère, Vivien, Xanthias, et le gardien Aglaïos. Ils appartenaient à la légion XII Fulminata, cantonnée depuis longtemps dans la petite Arménie et où le nombre des chrétiens était considérable. Une ville du Sud de l’Albanie porte le nom de ces martyrs, très vénérés dans tout le monde chrétien, Sarande, du mot grec « Saranda » qui signifie « Quarante ». Cette persécution avait été ordonnée par Licinius, empereur en Orient, alors qu’il était convenu avec Constantin Ier de laisser aux chrétiens leur liberté de conscience (Édit de Milan). Pour faire respecter la fin des persécutions, Constantin prit les armes contre Licinius, le vainquit et devint seul empereur romain. Quand parurent les lettres impériales qui prescrivaient à toute l’armée de faire acte de culte idolâtrique, les agents de Licinius étaient prêts à toutes les sévérités. Or le groupe de quarante soldats de Sébaste se refusa énergiquement à obéir à cet ordre. Le gouverneur de la province, Agricolaùs, les cita à son tribunal. En vain essaya-t-il contre eux de la menace d’abord, puis des supplices. Déchirés par les fouets et les ongles de fer, les martyrs montrèrent une résolution supérieure à tous les tourments. Agricolaùs les condamna à mort ; mais en attendant l’arrivée du commandant de la légion, Lysias, il les fit jeter en prison, liés, semble-t-il, tous d’une même chaîne. C’est là que, au nom de tous leurs compagnons, Mélétios, Aétios et Eutychios rédigèrent un admirable testament, pièce hagiographique peut-être unique en son genre, preuve du courage tranquille et de la foi profonde qui les animait. Tous y règlent leurs funérailles, demandent que leurs restes soient ensemble ensevelis, recommandent à leurs parents de « s’abstenir de toute douleur et de toute inquiétude ». D’un ton grave et paisible, ils exhortent leurs frères à mépriser la gloire et la félicité humaines, « qui fleurissent pour un peu de temps et bientôt se flétrissent comme l’herbe, » et à « courir vers le Dieu bon qui donne une richesse sans fin à ceux qui s’empressent vers lui et accorde une vie éternelle à ceux qui croient en lui ». Enfin ils saluent nommément les prêtres, chefs des églises diverses du pays, et leurs amis. On se sent ému à l’adieu qu’adresse Mélétios à ses sœurs, à sa femme Domna et à son enfant, et Eutychios à sa fiancée Basilla. Mais eux, ils gardent un cœur ferme ; leur plume ne tremble ni de la crainte de la mort ni de la perte des humaines tendresses. Après sept jours de prison, ils furent de nouveau conduits au tribunal. Lysias y siégeait près d’Agricolaûs. L’interrogatoire reprit, astucieux, flatteur, puis brutal ; les confesseurs, frappés au visage à coups de pierre, bénissaient Dieu. Il ne restait qu’à les conduire au supplice. La mort devait pour eux être particulièrement cruelle. L’hiver régnait sur la contrée, et il est très rigoureux en Arménie. Les bourreaux amenèrent les confesseurs, la corde au cou, sur un étang glacé. Tout près, un bâtiment destiné aux bains publics offrait à ceux qui seraient vaincus par le froid la tentation de ses baignoires chaudes. La nuit tombait ; on les abandonna nus sur l’eau gelée, aux morsures de la bise du nord. Peu à peu la peau, contractée par le froid, se crevassait, éclatait ; les pieds s’attachaient à la glace avec d’horribles douleurs. Et ce supplice, selon saint Grégoire de Nysse, dura trois jours entiers, pendant lesquels les héroïques confesseurs ne cessaient de louer Dieu et de s’exhorter mutuellement au courage. Ils demandaient d’être, tous les quarante, unanimes dans le supplice et unis dans la récompense. Et voici qu’un garde, qui était posté près de l’étang pour donner secours à ceux qui céderaient, eut une vision. Des anges lui apparurent apportant aux confesseurs des robes magnifiques et trente-neuf couronnes d’or. « Trente-neuf, se disait-il ; ils sont quarante cependant ! » Or au moment où il pensait ainsi, un malheureux, vaincu par la souffrance, sortait de l’étang et se traînait jusqu’au bain ; mais il n’eut pas la force de se jeter dans l’eau tiède, et aussitôt il expira. Alors le gardien comprit. La défaillance de l’un, la constance des autres lui expliquèrent sa vision ; son cœur fut bouleversé, la foi l’envahit, en voyant dans la neige les vaillants à demi-morts déjà, mais sur qui planaient les éternelles récompenses, et, tout près, le cadavre déshonoré du renégat. Aussitôt il réveille les soldats : « Je suis chrétien ! » leur crie-t-il. Et, se dépouillant lui-même, il court prendre la place laissée vide.
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