Saint VINCENT
Saint Vincent
(VIIe siècle)
Saint Vincent naquit à Huesca et fut instruit des sciences sacrées et profanes à Sarragosse, sous la direction de l'évêque Valère1 qui, vieux et inaudible, l'ordonna diacre pour qu'il prêchât à sa place.
Au début de la persécution de Dioclétien et de Maximien, le cruel et sanguinaire préfet Dacien reçut le gouvernement de la province de Valence et n'eut rien de plus pressé que de faire emprisonner l'évêque Valère et son diacre Vincent qui, chargés de chaînes, furent conduits à Valence. Valère ne pouvant plus parler, Vincent lui dit : « Père, si vous le permettez, je prendrai la parole ; Valère répondit : Mon fils, comme je vous ai confié la charge de prêcher l'Evangile, je vous confie celle d'affirmer la foi pour laquelle nous combattons ; alors Vincent s'adressa au Préfet : Nous sommes prêts à endurer toutes sortes de tourments pour la cause du vrai Dieu ; en pareil cas, nous ne céderons ni aux promesses, ni aux menaces. »
Sous les yeux de Valère, le Préfet fit étendre Vincent sur un chevalet où ses membres furent disloqués et sa chair mise en lambeaux, puis il fut longuement torturé par le feu et le fer avant d'être jeté dans un cul de basse-fosse dont on avait recouvert le sol de poteries cassées. Tout à coup, sa prison s'illumine, des anges viennent le réconforter et Vincent chante des hymnes et des cantiques. Informé, Dacien le fait étendre sur des coussins moelleux pour que « le fait de mourir dans les douleurs n'augmente point sa gloire » ; à peine étendu, Vincent meurt. Dacien ordonne que l’on couse le corps de Vincent et qu’on le jette dans la mer, lesté d’une grosse pierre. Les bourreaux chargent le corps sur une barque et vont le jeter en haute mer ; mais, lorsqu’ils regagnent le rivage, ils y trouvent le corps de saint Vincent. Effrayés, les bourreaux laissent là le corps du saint diacre qui est défendu par les corbeaux, jusqu’à ce que les vagues l’aient enfouie dans le sable. Quelques temps plus tard, saint Vincent apparaît à la veuve Ionique pour lui demander la sépulture chrétienne qu’elle lui donne hors des murs de Valence.
Le culte de saint Vincent s’est très vite répandu en Occident, au point que saint Augustin qui prononça plusieurs sermons en son honneur, écrivit qu’il n’y avait point de province de l’Empire où l’on ne célèbrât la fête du martyr.
En 542, Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, qui assiègent Saragosse, touchés par la piété des habitants entrés en pénitence et processionnant derrière le corps de saint Vincent, levèrent le siège pourvu qu'on leur remît le bras droit et l'étole du martyr pour qui, sur le conseil de saint Germain d'Auxerre, ils construisirent l'abbaye Sainte-Croix-Saint-Vincent, devenue depuis Saint-Germain-des-Près, où Childebert fut inhumé. L’avant-bras droit fut plus tard donné à l’église de Vitry-le-François. On dit aussi que Childebert donna le chef à saint Domnole, évêque du Mans, qui les déposa dans le monastère qu’il avait fait construire en l’honneur du martyr de Sarragosse ; cette relique fut perdue pendant la Révolution, comme celles que conservaient les religieuses de Fontevrault, à Charmes (diocèse de Soissons). Le cœur de saint Vincent, conservé à l’église de Dun-le-Roi, en Berry, fut détruit par les Calvinistes (1562). En 876, Charles le Chauve passant à Besançon fit don à l’évêque Thierry de deux vertèbres de saint Vincent.
Saint Vincent est souvent honoré comme le patron des vignerons ; comme aucun épisode de sa vie ni aucun de ses miracles n’a trait au vin ou à la vigne, on pense que ce patronnage repose sur un jeu de mots fait à partir de la première syllabe de son nom : vin.
L’évêque Valère de Saragosse figure au nombre des pères du concile d’Elvire (début du IV° siècle) qui est le plus ancien concile disciplinaire d’Occident dont l’œuvre nous soit parvenue en entier. On croit qu’il fut condamné à être exilé à Anet, en Aragon, où il mourut en 315.
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