Saint CESAR DE BUS
Bienheureux César de Bus
Fondateur des Pères de la Doctrine chrétienne (+ 1607)
Prêtre en Avignon.
Originaire de Cavaillon, sur les bords de la Durance, il vécut un temps à la cour frivole de la reine Catherine de Médicis. Il fut l'un de ceux qui participèrent au massacre des protestants, le jour de la Saint-Barthélémy. L'arrivée d'Henri IV lui fit quitter Paris, et, à Avignon, il fit pénitence grâce aux conseils du sacristain de l'église où, chaque matin, il entendait la Sainte Messe. Il renonça à sa vie de gentilhomme mondain pour se faire prêtre. Il fonda la Congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne en 1592 pour l'enseignement catéchétique et scolaire des jeunes.
- béatifié par Paul VI en 1975.
Fils de Jean-Baptiste de Bus, consul de la ville, et d'Anne de la Marche, César de Bus naît le 3 février 1544 à Cavaillon. Sa piété et sa charité se manifestent dès son jeune âge. (Bienheureux César de Bus - diocèse d'Avignon)
"Cette congrégation enseignante, fondée en 1592 par César de Bus dans la ville de l'Isle (Comtat Venaissin), fut approuvée par une bulle du pape Clément VIII du 23 décembre 1597... Pendant près de deux siècles, les collèges des Doctrinaires, comme ceux des Oratoriens, virent affluer une jeunesse studieuse; leur enseignement était moins formaliste que celui des jésuites, et les tendances en étaient plus libérales... La congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne fut dissoute à l'époque de la Révolution, en même temps que les autres congrégations régulières, tant laïques qu'ecclésiastiques." (source: Institut national de recherche pédagogique)
À Avignon, en 1607, le bienheureux César de Bus, prêtre. Détourné d'une vie mondaine, il se dépensa dans la prédication et la catéchèse et fonda la Congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne, pour qu'ils rendent gloire à Dieu par la formation des fidèles.
Martyrologe romain
Rejouissez-vous tous, Vénérables Frères et chers Fils! Que 1'Eglise entière exulte parce qu'elle peut admirer dans tout leur éclat les merveilles accomplies par Dieu dans la vie d'un homme! Louons ensemble le Seigneur pour sa sainteté qui resplendit en ses œuvres! La cérémonie d'aujourd'hui met à l'honneur la ville de Cavaillon, dans ce Comtat Venaissin alors territoire pontifical; Nous sommes heureux de saluer en premier les représentants de cette cité antique et de participer à leur action de grâces. Nous saluons aussi tous les pèlerins du diocèse d'Avignon: il était juste que leur Archevêque fut associé d'une manière particulière à un événement comme celui-ci, et Nous remercions Monseigneur Eugène Polge d'avoir répondu à notre invitation de présider la concélébration eucharistique.
Mais le ministère de César de Bus Nous fait réserver ce matin d'autres mots chaleureux pour ceux qui ont marché sur ses traces, Nous voulons parler des religieux et des prêtres adonnés à l'enseignement de la Doctrine Chrétienne, c'est-à-dire à la transmission de la Foi, de la Parole de Vie. Et comment ne pas mentionner les catéchistes, ces artisans de la première évangélisation missionnaire, et tous les jeunes volontaires qui, sacrifiant leur temps libre pour se consacrer à l'annonce de la Bonne Nouvelle, contribuent à nous édifier et à nourrir notre espérance en l'avenir? A un titre tout à fait spécial, la fête d'aujourd'hui est leur fête. Ainsi Nous venons de procéder solennellement à la Béatification de César de Bus. Une étude approfondie - plus de trois siècles et demi se sont écoulés depuis le terme de sa vie terrestre - a révélé en effet que cette grande figure du passé avait vraiment poussé les vertus évangéliques jusqu'à l'héroïsme, et qu'elle était vraiment digne d'éloge. Rien n'a été négligé de sa biographie ni des idées conductrices de son action. En conscience et avec notre autorité apostolique, Nous autorisons donc le culte local de César de Bus; Nous croyons qu'il sera bénéfique, et voici pourquoi.
Nous relèverons d'abord quelques aspects de la vie du bienheureux, choisis parmi les plus significatifs et les plus aptes à servir de leçons à l'époque qui est la nôtre. Mille cinq cent quarante- quatre, année de sa naissance à Cavaillon: le monde chrétien est en crise, l'une des crises les plus graves de son histoire. Crise non seulement religieuse et doctrinale, mais crise de civilisation aussi, avec l'afflux de courants de pensée nouveaux, certes pas tous négatifs, mais qui désorientent la masse des fidèles. César de Bus vient au monde en cette période troublée, où les hommes s'ouvrent progressivement à la culture, aux arts et au règne du plaisir. Lui-même se laissera entraîner pendant l'adolescence et le début de l'âge adulte sur la pente de la facilité à laquelle le prédisposaient sa condition et sa fortune. Vie légère, insouciante, d'un être doué, brillant en société, poète à ses heures, davantage sensible à la jouissance de tout qu'aux exigences de 1'Évangile.
La conversion ne pouvait être que radicale, et elle le fut. Trois personnes très diverses l'aidèrent profondément: Louis Guyot, tailleur, humble sacristain de la cathédrale de Cavaillon au rayonnement tout à fait remarquable; l'étonnante Antoinette Réveillade, qui vivait dans la proximité de Dieu et s'efforçait d'aider ses proches à en comprendre la volonté - analphabète, semble-t-il, elle allait jusqu'à supplier César de Bus de lui faire la lecture de vies de saints, lui donnant ainsi l'occasion de réfléchir et de prier -; et enfin le jésuite Pierre Péquet dont l'expérience spirituelle, la prudence, le discernement et la fermeté seront d'un grand secours pour le jeune César. Sous leur influence, il rompt bientôt avec la frivolité; il se livre à l'étude et se prépare au sacerdoce. En voyant l'obstination avec laquelle ces trois «mystiques» s'emploient à conseiller et à reprendre sans cesse leur protégé, on ne peut s'empêcher de penser qu'ils furent les instruments de Dieu, chargés de préparer un disciple de choix. Et cette réflexion Nous remplit de confiance: Oui, chers Frères et Fils, le Bon Pasteur prend soin de son troupeau! Oui, il se choisit des ministres pour la mission de demain! Oui, il Compte sur chacun de vous pour leur révéler cet appel et pour les guider dans leur cheminement!
L'itinéraire spirituel du bienheureux ne fut pas, vous vous en doutez, sans à-coups. Moments de découragement, de nuit, d'incertitude. Nous avons été frappé, cependant, par ce qui sera, presque dès l'origine, une caractéristique de toute sa vie. Peut-être est-ce là que réside le secret de sa constance, en tout cas ce qui lui a toujours permis de surmonter ses difficultés et de repartir avec une énergie accrue: Nous voulons parler de son esprit de pénitence. La pénitence, ce n'est pas un vain mot pour lui. II la pousse jusqu'à l'extrême: il revient de loin! Il doit dominer les passions dont il s'est fait autrefois l'esclave, combat violent et perpétuel. Il apprend ainsi à rechercher et à aimer le sacrifice, car le sacrifice configure au Christ souffrant et vainqueur. S'offrir en libation, tout abandonner entre les mains de Dieu au prix des renoncements les plus coûteux, tel semble avoir été son leitmotiv, le but perpétuel de ses efforts, Et lorsqu'à la fin de sa vie, perclus de maux et affligé de cécité, il pourra enfin se disposer au don suprême, il réalisera combien l'ascèse lui a été utile pour maîtriser le vieil homme. Il sera prêt à rencontrer le Seigneur. Sa joie sera parfaite.
Le corps de César de Bus repose aujourd'hui à Rome, en l'église Sainte-Marie in Monticelli. Mais, par un dessein assurément de la Providence, tout n'est pas fini pour nous avec cette mort! Le peuple de Dieu, en proie aux difficultés du monde contemporain, contemple en effet dans la gloire l'un des siens traçant pour lui une route vers le Royaume. Devant les problèmes qui sont actuellement les nôtres, n'y a-t-il pas là une voie étroite, faite de conversion personnelle, de prière et d'austérité, faite de réponse courageuse à un appel intérieur? Nous vous laissons répondre à cette question, et en tirer vous-mêmes les conclusions nécessaires pour vous et pour votre apostolat. Toutefois, il Nous semble que la personne de César de Bus n'est pas seule riche d'enseignement. Au-delà de l'homme, particulièrement brillant, il y a l'œuvre accomplie par cet homme, œuvre considérable dans la région où il vivait, et qui devait influencer d'une manière heureuse la pastorale catéchétique du moment, encore balbutiante.
L'objectif du Père de Bus est de communiquer la doctrine chrétienne au peuple. L'idée est loin d'être neuve. Dès les origines, les premiers chrétiens se montrèrent soucieux de transmettre - et de transmettre avec exactitude - l'essentiel de ce qu'ils avaient reçu. L'on vit rapidement se former des recueils rapportant les faits et dits les plus marquants de la Révélation. L'ère apostolique et les décades postérieures en donnent plusieurs témoignages. Il importe plus que jamais, au milieu d'un monde païen et face aux dangers des déviations doctrinales, d'inculquer aux catéchumènes et de rappeler aux disciples un kérygme, c'est-à-dire un noyau central, un résumé de la foi axé sur l'essentiel, qui puisse servir de base à des développements adaptés aux circonstances et à la psychologie des auditeurs. Il faut donner un fondement solide à leur foi, étayer leur attachement affectif et caritatif au Dieu vivant, par une connaissance des vérités de la foi qui corresponde à cet amour.
Dans la deuxième moitié du seizième siècle - que l'on ne se fasse pas d'illusions! - la masse des catholiques est généralement peu instruite, même si sa conviction est extérieurement renforcée par un cadre de chrétienté ou par les oppositions religieuses où se mêlent de temps en temps des considérations d'un tout autre ordre. L'intuition, le génie pourrait-on dire, de César de Bus, est de 'mettre le doigt sur un besoin primordial, pressenti avec tant de perspicacité par les Pères du Concile de Trente avec le catéchisme dont ils ordonnèrent la rédaction, afin que tous les pasteurs, de l'évêque au curé d'une modeste paroisse, possèdent un manuel de référence. Mais le terrain est encore en friche. Le dénuement du peuple est extrême et le dévouement de ses ministres ne suffit pas à lui seul à le pallier. Intelligemment formé à l'école ignatienne, par les soins de son directeur Péquet, César de Bus va aussi, ce qui est très important, apprendre à connaître la vie, la doctrine spirituelle et l'œuvre d'autres maîtres à penser de l'époque, Pierre Canisius, Robert Bellarmin, Philippe Néri et Charles Borromée. Les deux derniers surtout laissent en lui une empreinte indélébile; il se pénètre de leurs inspirations, nourrit son action de la leur et brûle du même zèle qu'eux.
Avec un sien cousin, Jean-Baptiste Romillon, qui a partage sa recherche et suit à présent la même orientation que lui, il commence à sillonner bourgs et campagnes pour catéchiser ceux qu'il appelle ses «ouailles». Sa méthode est l'enseignement de la foi à toutes les catégories de la population, en distinguant des degrés, bien sûr, entre ceux qui sont capables d'accueillir beaucoup et ceux pour lesquels il faudra se contenter, dans un premier temps, d'un minimum. Mais le point important, est que tous soient évangélisés, que tous reçoivent un enseignement à leur portée. L'es paroles sont simples; les formules, peu nombreuses, sont bien frappées et faciles à retenir. Autour de ce schéma vient se greffer une prédication pétrie d'Ecriture Sainte, adaptée aussi afin que les notions apprises ne restent jamais sans suite, et qu'elles se traduisent dans l'attitude spirituelle et dans la manière d'agir, dans la vie en un mot.
Comment ne pas voir en cet apostolat de notre bienheureux une parenté étroite avec celui de saint Charles Borromée qui, dès mille cinq cent soixante neuf, obligeait chaque diocèse de sa province à organiser des écoles de la doctrine chrétienne? Le Cardinal Borromée les multipliait lui-même à Milan et il n'hésita pas à en réunir les maîtres dans une Compagnie et à fonder une Congrégation séculière pour assurer la durée et la bonne marche de l'œuvre: ce furent les «Operarii Doctrinae Christianae», les Ouvriers de la Doctrine chrétienne (Cfr. Acta Ecclesiae Mediolanensis . . . . Mediolani MDXCIX, pp, 864-865; GIUSSANO PIETRO, Vita di San Carlo, livre VIII, ch. VI, tome II, pp. 254-261). Quelle place, quels encouragements le saint Archevêque de Milan n'accorde-t-il pas à cette œuvre? Ne formerait-il qu'un seul vrai chrétien, un catéchiste n'aurait pas perdu sa peine. Commentant l'évangile de la Samaritaine, il s'adresse directement à ses chers «ouvriers»: «Voyez l'importance de votre labeur! N'auriez- vous ramené qu'une seule enfant à 1'Eglise . . . comprenez que vous avez accompli une œuvre de grand prix! Le Christ avait le monde entier à racheter et pour cette œuvre immense il n'avait qu'un court espace de trois ans . . . Et cependant, sur ce temps si court, quelle part considérable n'a-t-il pas pris pour la seule Samaritaine? Que ce soit pour vous le plus grand des stimulants» (Cfr. Homilia 100 in Evangelium Ioannis, dans S. CAROLI BORROMEI . . . Homiliae . . . Ioseph Antonii Saxii praefatione et annotationibus illustratae, t. III, Mediolani MDCCXLVI, p. 340).
Mais il faut s'attacher à la formation des parents: N'est-ce pas «la charge des pères, leur fonction, de conduire au Christ les enfants qu'ils ont eux-mêmes reçus du Christ?» (Ibid. t. I, p. 2). César sera profondément frappé par cette exemple. Lisant la vie de saint Charles que lui avait procuré l'Archevêque d'Avignon, il se sent «embrasé d'un si grand désir de faire quelque chose à son imitation, que - dit-il - je n'accorderai sommeil à mes yeux, ni repos à mes jours que je n'aie donné quelque contentement à ma résolution» (H. BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, II, L'invasion mystique, p. 19; cfr. A. RAYEZ, S.I., La spiritualità del Ven. Cesare de Bus, RAM 134, avril 1958, p. 20). Comme 1'Archevêque de Milan, loin de se limiter à l'éducation des enfants, il regarde les familles et les milieux, s'attache à l'instruction des parents et à la formation des maîtres. Avec lui est promue une véritable catéchèse familiale qui sera le meilleur remède et le meilleur antidote contre l'hérésie. De cette activité débordante, «Les Instructions familières sur les quatre parties du Catéchisme romain», publiées près de soixante ans après sa mort, ont porté jusqu'à nous le témoignage toujours valable. Elles révèlent ce que doit être le vrai catéchiste: l'homme de la Bible, l'homme de I'Eglise, soucieux de transmettre la véritable doctrine du Christ (Cfr. A. RAYEZ, S. I., La Spiritualità del Ven. Cesare de Bus, RAM 134, avril 1958, pp. 29-30). Il dispose les cœurs à la foi qui, elle, demeure le secret de la liberté et de la grâce de Dieu.
L'œuvre de César de Bus suscite toujours, après trois siècles, notre admiration. Voilà quelqu'un qui a vu juste. Il a su déceler les besoins de son époque, et y répondre avec autant de générosité que d'efficacité. Attirés par sa clairvoyance et son rayonnement, d'autres hommes enthousiastes se sont peu à peu groupés autour de lui, s'initiant à sa méthode et prenant exemple sur lui. Rapidement ils formèrent une famille religieuse qui, malgré les vicissitudes de l'histoire, fleurit encore aujourd'hui en divers pays; par un retour aux sources, elle vient de se réimplanter en France, à Cavaillon: que les Pères de la Doctrine Chrétienne ici présents sachent en ce jour notre sollicitude particulière pour eux, notre estime, et qu'ils reçoivent nos vœux et nos encouragements! Nous sommes heureux de les honorer maintenant en la personne de leur fondateur. Frères et Fils, Nous voudrions, pour conclure, vous inviter à un bref regard sur le monde contemporain et, plus précisément, sur l'enseignement de la foi à l'heure actuelle. Les circonstances s'y prêtent, n'est-il pas vrai? Un effort a été fait ces dernières années, surtout depuis le Concile Vatican II, pour promouvoir une catéchèse accessible, compréhensible, proche de la vie. Il se traduit par une attention plus grande à la diversité des démarches individuelles et collectives, par un souci d'accompagner l'enfant ou l'adulte dans sa lente recherche de Dieu.
Nous nous en félicitons car Nous trouvons cette option pastorale vraiment évangélique, inspirée de l'attitude du Christ lui-même avec ses interlocuteurs. César de Bus, lui aussi, a choisi cette ligne de conduite. Il Nous semble toutefois qu'en une période où le monde, comme jadis, est en crise, où la plupart des valeurs, même les plus sacrées, sont inconsidérément remises en question au nom de la liberté, si bien que beaucoup ne savent plus à quoi se référer, en une période où le danger ne vient certes pas d'un excès de dogmatisme mais plutôt de la dissolution doctrinale et du flou de la pensée, il Nous semble qu'un effort supplémentaire devrait être entrepris avec courage pour donner au peuple chrétien, qui l'attend plus qu'on ne le croit, une base catéchétique solide, exacte, facile à retenir. Nous comprenons bien que l'adhésion de la foi soit difficile aujourd'hui, particulièrement chez les jeunes, en proie à tant d'incertitudes. A tout le moins, ont-ils droit de connaître avec précision le message de la Révélation qui n'est pas le fruit de la recherche, et d'être les témoins d'une Eglise qui en vit. C'est le but poursuivi d'ailleurs par le Directoire catéchétique général de la Congrégation pour le Clergé, publié récemment en application du Décret conciliaire Christus Dominus (Christus Dominus, 44).6
Et Nous désirons que les pasteurs et les responsables de la catéchèse s'en servent pour alimenter leur réflexion et guider leurs travaux. Bienheureux César de Bus, toi qui nous as laissé l'exemple admirable d'une vie toute donnée à Dieu, toi qui brûlais du désir de communiquer la vie de Dieu à tes frères, intercède maintenant pour nous auprès du Seigneur, pour que le même feu nous consume et que la même charité nous presse. Et vous, chers Frères et Fils, Nous vous confions à lui et Nous vous bénissons de tout cœur.
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