Bienheureux GEORGES MATULAITIS
Bienheureux Georges Matulaitis
évêque de Vilna (✝ 1927)
Jurgis (Georges) Matulaitis naît en 1871 en Lituanie à Lugine, tout près de la frontière polonaise. À Marijanpole, sa paroisse, existe un couvent de Clercs marianites et c’est l’un des religieux qui le baptise. Jurgis est le dernier d’une famille de 8 enfants, dont les parents sont de petits cultivateurs. (Plus tard, dans ses études sociales, il prendra volontiers l’exemple de ces cultivateurs qui aspirent à un peu plus de terrain.) À l’époque où il vit, la Lituanie, annexée par la Russie, sent peser sur elle le pouvoir tsariste. Pas de liberté, ni politique, ni culturelle (le russe est obligatoire à l’école), ni religieuse (les catholiques lituaniens sont oppressés par les Russes orthodoxes). Il reçoit une bonne éducation en famille, mais à 10 ans, il perd ses deux parents. (Cela le rendra sensible plus tard à la condition des orphelins, dont il s’occupera personnellement.) À la même époque, il contracte une tuberculose osseuse à la jambe, qui sera diagnostiquée plus tard, et dont il souffrira toute sa vie, ce qui l’aidera à nourrir de la compassion pour les malades. L’enfant doit marcher avec des béquilles. Plus moyen d’aller à l’école ; alors il aide comme il peut à la ferme. Ce faisant, il garde au cœur le secret désir d’entrer au séminaire. Grâce à un de ses parents, professeur à Kielce en Pologne, il peut réaliser son projet et entre en 1891 au séminaire de Kielce. Il change son nom de Matulais en celui plus polonais de Matulevicz. Doué d’une intelligence supérieure, il apprend aussi, en plus du lituanien et du russe, le français, le polonais, l’allemand, le latin. Il va à Piétrobourg continuer ses études théologiques et il est ordonné prêtre le 20 novembre 1898. Puis il fait un doctorat à Fribourg, en Suisse (1902). Sa thèse, qui dénote ses préoccupations œcuméniques, porte sur la théologie orthodoxe russe.
D’abord vicaire en paroisse, il est ensuite professeur au Grand Séminaire de Kielce. Tombé malade, il se rétablit grâce à l’aide d’une bienfaitrice. Il y voit l’intervention de la Providence et désormais, il comprend, et explique aux autres, que la maladie peut être l’occasion d’exercer un apostolat encore plus actif : Jésus n’a-t-il pas manifesté son activité suprême dans l’œuvre de la rédemption lorsqu’il était immobilisé sur la croix ? Très attentif aux pauvres, il étudie la doctrine sociale de ‘Rerum novarum’, de Léon XIII (1891). Il a pu observer personnellement la condition épouvantable des ouvriers, notamment en Russie. Avec perspicacité, il ne se borne pas à décrire la situation telle qu’elle apparaît, mais il en cherche les causes, seule façon de leur apporter des remèdes adéquats. Par exemple, lorsque certains attribuent tous les maux au Socialisme (marxiste), il répond que ce sont plutôt les maux sociaux qui ont permis la naissance du socialisme. Ce professeur ne néglige pas le ministère des âmes (direction spirituelle et confessions) et c’est un bon prédicateur. Dans son ardeur, il songe à évangéliser au-delà des frontières, jusque dans les steppes de Sibérie. C’est aussi un zélé promoteur de la vie religieuse : Il voudrait redonner vie aux Marianites dont la Congrégation est presque éteinte, condamnée par le régime tsariste. Au couvent de Marijanpole, par exemple, la paroisse de son enfance, il ne reste plus qu’un seul Père. Alors, avec lui, il se rend à Rome en 1909 pour demander l’autorisation de relancer la Congrégation en la rénovant. Cela lui étant accordé, il s’applique à réformer les Constitutions pour les adapter aux nécessités des temps nouveaux. Lui-même devient religieux marianite. Ayant été dispensé du noviciat, il fait profession à 38 ans le 14 juillet 1911. Puis, il est nommé Supérieur général. Il revient à Saint-Pétersbourg où il reconstitue un noviciat marianite dans la clandestinité. Ensuite, pour être plus libre, il transfère ce noviciat à Fribourg. Il fait un voyage à Chicago où les émigrés lituaniens le reçoivent triomphalement et il y fait une fondation marianite avec noviciat (1913). Il en fait une autre avec noviciat en Pologne, dans la banlieue de Varsovie. Après la guerre de 14-18, la Russie affaiblie étant absorbée par ses problèmes internes, la pression russe se relâche et la Lituanie connaît provisoirement une relative indépendance. Le Père réalise alors son ancien désir et redonne vie au couvent de Marijanpole, avec noviciat (1918). Puis, il fonde les ‘‘Sœurs de l’Immaculée conception’’, connues par les gens sous le nom de ‘sœurs des pauvres’. En Biélorussie, il fonde les ‘‘Servantes de Jésus dans la Sainte Eucharistie’’.
Malgré ses réticences, le pape Benoît XV le nomme évêque de Vilnius le 23 octobre 1918. Consacré à Kaunas le 1er décembre 1918, il est installé à Vilnius le 8 du même mois. Sa devise est tirée de saint Paul, son saint préféré: ‘‘triompher du mal par le bien’’ (Rm 12, 21). Durant son temps d’épiscopat, la Lituanie connaît une période politique très agitée ; de 1918 à 1922, elle voit se succéder 8 régimes politiques différents et opposés. L’évêque s’efforce de ramener la paix. Personnellement, il ne veut prendre parti pour aucun ; son seul et ardent désir est le salut des âmes, son seul amour, l’Église, l’Immaculée, le Saint-Père. Il manifeste un grand courage pour défendre les droits de l’Église et la liberté des citoyens, ce qui lui attire de nombreuses inimitiés de la part des différentes factions, mais il force l’admiration générale par ses vertus extraordinaires. Toute son action si intense, en tant de domaines, ne peut s’expliquer que par une profonde et constante union à Dieu. Après huit années d’épiscopat, épuisé, il donne sa démission. Elle est acceptée, mais, immédiatement, son ancien ami, Pie XI, le nomme Visiteur apostolique de Lituanie, avec le titre d’archevêque d’Adulia et il lui confie notamment une mission importante : l’élaboration d’un concordat entre la Lituanie et le Saint-Siège. Mgr Matulevicz fait tout le travail de base, mais il meurt subitement à Kaunas, le 27 janvier 1927, âgé de 55 ans. Le Concordat est signé peu après, le 17 septembre de la même année.
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